Rythmes scolaires, 4 jours ou 4,5 jours ?

Publié le par Craponne à Venir

Parents, enseignants et élus sont divisés, le choix laissé aux communes de revenir à la semaine de 4 jours ou de conserver la semaine de 4,5 jours a relancé le débat concernant les rythmes scolaires et la mise en place des temps d’activités périscolaires (TAP).

La réforme des rythmes scolaires mise en place par Vincent Peillon en 2013 et déjà envisagée par Luc Chatel en mai 2010 vise à mieux répartir le temps scolaire sur la semaine et à s’aligner sur les autres pays européens dont les taux de réussite sont supérieurs à ceux de la France. Alors que le nombre de journées d’enseignement est en moyenne de 185 jours dans les pays de l’OCCE, la réforme Darcos en 2008, a fait tomber le temps scolaire à 144 jours (une exception sur la planète) sans compter les jours fériés et les « ponts ». La réforme Peillon instaure 180 journées d’enseignement, un temps proche de la moyenne. Il est clair que chaque nouveau ministre veut imprimer sa marque et remet traditionnellement en cause les décisions prises par son prédécesseur sans toujours en mesurer les conséquences pour les élèves, les enseignants et les collectivités. C’est ainsi que la réforme des rythmes scolaires a été assouplie sans évaluation sérieuse et sans réflexion globale sur le plan national par Jean-Michel Blanquer, nommé ministre de l’éducation nationale en mai 2017.

En laissant aux communes la possibilité de choisir une semaine scolaire de 4 jours ou de 4,5 jours, le gouvernement crée, sans aucun doute, des écoles à plusieurs vitesses. En effet, chercheurs,  enseignants, médecins sont unanimes pour affirmer que les enfants sont plus attentifs le matin que l’après-midi et ce sont les élèves les plus fragiles qui sont pénalisés lorsque la cinquième matinée est supprimée.

Les détracteurs de la réforme parlent de fatigue et de difficultés d’attention et de concentration, mais cette appréciation est totalement subjective et n’est prouvée par aucune étude à ce jour. A noter que, jusqu’à la réforme Darcos de 2008, les enfants allaient en classe 4,5 jours par semaine et personne n’évoquait une baisse de régime en fin de semaine. Mais, lorsque l’on voit des enfants, même à l’école maternelle qui franchissent le portail de l’école à 7 h 30 pour en ressortir à 18 h 30 ou 19 h, selon les communes, il est possible de se poser quelques questions…et, de plus, certains enfants enchaînent sur des activités extra-scolaires ou s’acharnent sur des jeux électroniques qui perturbent leur attention et leur concentration.

L’académie de médecine plaide en faveur de la semaine de 4,5 jours et affirme, sur des bases scientifiques, que répartir 24 heures d’enseignement sur 4 jours est néfaste et fatigue les enfants. Elle préconise une année scolaire de 180 à 200 jours permettant d’alléger les journées de classe. Et même Agnés Buzin, actuelle ministre de la santé, était lors de la concertation de 2010-2013 favorable à la semaine de 4,5 jours, appuyant son argumentation sur des travaux scientifiques! Sans jeu de mot et comme le dit Jean-Paul Delahaye, directeur général de l’enseignement scolaire de 2012 à 2014, « notre pays s’était mis en marche dans l’intérêt des enfants ».

Le temps d’activités périscolaires est un service destiné aux enfants intéressés par les activités proposées. Il est souhaité par les parents, mais rien d’obligatoire. A Craponne, les enfants bénéficient d’une offre multiple et variée : théâtre, chorale, percussions, philosophie, astronomie, activités gymniques, jeux sportifs, Hip Hop, arts du cirque, travaux manuels… Les petits de maternelle ont le choix entre faire la sieste ou contes, dessin, danse, travaux manuels… Afin que les élèves puissent découvrir de nouveaux loisirs, il a été décidé que tous les élèves devront systématiquement passer dans tous les « ateliers ». Et certains se sont pris de passion pour une activité qu’ils pratiquent désormais en extra-scolaire.

Il est clair, qu’au-delà des objectifs pédagogiques, les activités périscolaires ont permis à 85 % des élèves des écoles publiques de France de bénéficier d’une ouverture culturelle, sportive, manuelle alors qu’auparavant seulement 20 % des enfants avaient accès à des activités de loisirs. Les enfants se disent globalement satisfaits des nouveaux rythmes scolaires, même si certains parents expriment quelques bémols.

Renoncer, c’est aussi faire fi du temps et de la forte implication du personnel et des élus pour parvenir à une telle réussite. A Craponne, sept d’animateurs ont déjà été formés et ont obtenu le BAFA, un plus pour leur cursus. Soixante personnes (enseignants, agents territoriaux, intervenants extérieurs) animent au quotidien les TAP ce qui apportent à la plupart d’entre eux un complément de revenus. 

La décision de rendre possible le retour à la semaine de 4 jours, sans évaluation, sans concertation et sans études sérieuses et pour des raisons autre qu’éducatives, mettra un terme aux TAP et surtout fera abstraction des rythmes biologiques de l’enfant dans les apprentissages fondamentaux Cette décision va l’encontre des intérêts de l’enfant et en particulier des élèves des milieux modestes. Et si tout n’était qu’une question financière ? Le gouvernement pourra, en effet, réaliser une économie de plus de 400 millions d’euros sur le fond de soutien prévu pour accompagner les communes dans la mise en place des TAP. Une économie également pour les communes qui n’auront plus à financer le reliquat des coûts des TAP : Etat : 50 € / an / enfant scolarisé, CAF : environ 50 € pour les enfants participant aux TAP, complété à Craponne par une participation des parents (90 € /an/enfant en élémentaire, 50 € en maternelle, tarif social pour les plus modestes) et de la commune. 

De plus, la remise en cause de la réforme des rythmes scolaires demande à nouveau aux enfants, aux parents et aux enseignants de s’adapter à une nouvelle organisation de l’enseignement.

Alors qui gagne à remettre en cause cette réforme : le gouvernement ? les adultes ? Dans tous les cas, ce ne sont pas les enfants.

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